Mes souvenirs sont précis, mais faux

18 Jan 2014 | Réflexions | 0 commentaires

Chacune des fiches de ce blog est basée sur des souvenirs précis, que j’essaye de raconter fidèlement, bien que rapidement (il faut aller vite, on n’a pas le temps de faire du style).

Pourtant, je réalise que si on met bout à bout tous ces souvenirs, on aboutit à une impasse : j’ai passé toute mon enfance avec Joël Reyrolle; j’ai passé toute mon enfance avec FX Duny, j’ai passé toute mon enfance avec Patoune, j’ai passé toute mon enfance avec Patrick Bideault, toute mon enfance avec ma mamie, à jouer au stade, à jouer au château, à Limoges, à jouer aux cow-boys et aux indiens… Je n’ai eu qu’une enfance, et même si chacun des souvenirs est réel et précis, il faut bien supposer que mon enfance a été partagée entre toutes ces dimensions, tous ces univers, toutes ces personnes.

Et soudain, je suis incapable de la moindre précision : à quel âge ? Combien de temps ? Ai-je passé plus de temps ici ou là ? A quelle fréquence ?

Cela me met tout de même sur la piste d’un souvenir précis, qui me revient à l’instant (comme quoi je n’écris pas pour rien). Je me souviens d’avoir plusieurs fois pensé, au cours de mon enfance, jouant au château, qu’il y avait peut-être un match en cours au stade; passant la journée à jouer au monopoly avec FX, que les Delarue étaient peut-être en train de jouer au monopoly au même instant.

Oui, ça me revient maintenant, j’avais conscience que la vie se poursuivait dans chacun des endroits où j’aimais être, lorsque je n’y étais pas. Et j’avais du mal me représenter la chose.

Aujourd’hui, j’ai du mal à me représenter l’enchevêtrement de ces univers, la manière dont tous ces ingrédients se sont combinés pour produire cette enfance dont tant de souvenirs me sont restés.