Répétition

8 Jan 2014 | Réflexions | 0 commentaires

Des gens de Pompadour que je connais depuis toujours sans vraiment les connaître au fond, des barmen que je croise souvent, des gens que je croise et que je ne revois que lorsque le hasard le permet, des gens que j’aime bien, dans presque tous les cas, que je trouve beaux, ou sympathiques, ou les deux… Par moments j’ai l’impression que cette entreprise va être fastidieuse car répétitive.

Répétitive car j’ai l’impression d’avoir écrit déjà trop souvent les mêmes phrases, qui en deviennent vides de sens à force de pouvoir s’appliquer à tant de gens différents.

Répétitive car on ne rencontre pas les gens de 1000 manières différentes.

Répétitive car je dois écrire vite si je dois avancer, je ne peux pas réfléchir trop longtemps. Lorsque je bloque sur une fiche (Gwladys Gublin, pour l’instant, en attente depuis 3 jours), je passe à une suivante, et j’enchaîne.

Répétitive car même si les gens changent moi je suis toujours le même, j’ai toujours le même genre de regard sur les gens.

Répétitive, mais est-ce grave ? D’abord l’objectif est d’établir la liste. J’écris pour me souvenir autant que pour raconter. Mettre par écrit un souvenir est le moyen d’en évoquer d’autres, par association, ou bien de me mettre à douter de la réalité du souvenir, lorsque je réalise que des détails essentiels sont sortis de ma mémoire. Bref la répétition est nécessaire car elle joue le rôle d’une check-list pour « épuiser » un peu ma mémoire d’une personne.

Répétition. Et sensation d’épuisement  possible du sujet… A quoi bon raconter mille fois la même chose, avec des prénoms différents ?

En fait, la répétition, c’est le principe même de l’exercice. Thème et variations. A mes yeux chacune des personnes mentionnée reste unique, chaque répétition précise le sens de la précédente, chaque répétition est un espoir de nouveauté, pour peu que ma mémoire me mette sur la piste d’un moment unique, d’un souvenir oublié.

Le problème, c’est la répétition des mêmes mots. Puisque chaque personne est unique à mes yeux, la frustration de ne pas savoir trouver une formule unique et différente pour chacune d’entre elles est une leçon à laquelle je ne m’attendais pas. La vie est bien plus originale et fraîche que ma langue. Mais peut-être que ces quelques milliers de portraits que je m’apprête à rédiger sauront bouleverser cela.

Répétons, donc.

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