Hélène Bourgois

1 Fév 2014 | Portraits | 1 commentaire

Hélène est une amie de fac de ma mère, qui m’a raconté cent fois son histoire romanesque : fille d’un ministre qui a du fuir la Tchecoslovaquie à l’arrivée des communistes, elle est arrivée à Paris, a été apatride pendant des années. D’une beauté incroyable, elle était repérée par les photographes, a posé pour la couverture de Jours de France, a joué dans l’Année dernière à Marienbad. Elle donnait des fêtes mémorables dans son grand appartement, où ses prétendants se précipitaient.

Moi, je ne l’ai connue que plus tard, car pour la rencontrer il fallait d’abord que je naisse. Hélène et son mari, Jean-Manuel, venaient souvent nous voir à Pompadour. Ils ont même, à un moment, acheté une maison à Ségur le château, à quelques kilomètres de là.

Je me souviens d’une scène anodine dont j’ignore pourquoi elle m’a tant marqué. Nous étions au Bois-Vert, dans mon salon, et Hélène m’aidait à compléter un coloriage. Elle remplissait un aplat de grande taille, non pas en faisant des ronds comme moi, mais en traçant des lignes parallèles, dans un sens, puis dans un autre; les lignes se recouvrant et finissant par recouvrir la surface avec la couleur du feutre. Au résultat, on pouvait voir le tracé des lignes parallèles, et ça me gênait : des feuilles d’arbres ne « ressemblent » pas à ça.

Elle ne comprenait pas mon objection (d’ailleurs je ne suis pas certain que l’explication qui précède soit très claire). Alors je lui ai dit, pour me faire comprendre « tu colories comme si c’était du fromage ». Je ne sais pas ce que je voulais dire, mais c’était la chose la plus proche de la réalité que j’ai pu trouver à ce moment-là. Et je repense encore souvent à cette conversation…

Plus tard, Hélène m’a proposé un job chez British American Tobacco, où elle travaillait. Je sortais de mon MBA et je ne trouvais rien du tout. Il s’agissait d’un job passionnant, même si faire du lobbying en faveur pour le tabac était une idée inconfortable. A ce moment-là, nous avons déjeuné deux ou trois fois.

J’ai rencontré le type qui allait être mon boss. Il m’a donné son accord pour m’engager, puis plus de news. Hélène était très étonnée de ce délai. Je lui ai dit que je pensais que le type ne souhaitait pas du tout recruter quelqu’un, et qu’il était en train de quitter la boite. Peu de temps après, en effet, il est parti sans pourvoir le poste.

Hélène et Jean-Manuel ont des enfants, que je connais mal car ils sont bien plus jeunes que moi. Il y a Joséphine, Eve et Karel. Je les ai vus, lors de visites chez eux, mais je n’ai pas de souvenir précis.

Je n’ai que rarement des contacts directs avec Hélène, mais ma mère m’en donne souvent des nouvelles. Je me souviens également de sa soeur, Yanna (orthographe probablement incorrecte). Lorsque les Bourgois habitaient dans le 13ème arrondissement, ils vivaient dans une maison; et Yanna vivait dans la maison qui se trouvait de l’autre côté de leur jardin.