Monsieur et madame Broche

29 Juin 2014 | Connaissances, rencontres, réseau | 0 commentaires

Lorsque je vivais à Pompadour, j’étais à une centaine de mètres du stade. C’était l’endroit où se retrouvaient les enfants. Au départ, c’était un pur stade de rugby. Plus tard, un terrain a été construit, pour jouer au basket et au tennis.

Mais ce qui nous intéressait le plus, c’étaient les tribunes. On pouvait s’y cacher; les escalader dans tous les sens,  il y avait un tunnel dessous idéal pour jouer avec des allumettes, et tout le dos des tribunes était en tôle, ce qui permettait de faire un boucan d’enfer en tapant dessus. On aurait cru que ces tribunes avaient été construites pour que des enfants jouent dedans.

Là je retrouvais Joël Reyrolle, Christian Vigneault, et tous les autres enfants du quartier, de tous les âges.

Monsieur et madame Broche étaient les gardiens du stade. Leur maison se trouvait juste à l’entrée. Madame Broche se tenait toute la journée à sa fenêtre, si bien que je n’ai aucune image d’elle dans un autre endroit. Aux beaux jours, la fenêtre était ouverte, on s’arrêtait parler avec elle. Une grosse dame, avec une grosse voix, un peu impressionnante mais qui nous aimait bien.

C’est surtout monsieur Broche qu’on craignait. Parce que lui il sortait, il venait nous chercher jusqu’au fond du stade. Il fallait se cacher dès qu’on voulait aller jouer sous les tribunes, et encore plus lorsqu’on jouait avec des pétards (ce qui est arrivé assez souvent, au cours des années). Dès qu’on le voyait arriver depuis l’entrée du stade, on filait par derrière, on franchissait la barrière, on se retrouvait dans le pré de mon père et on courait se cacher chez moi…

Les jours de matches, monsieur Broche était à l’entrée, au contrôle des billets.

Je ne sais pas si le stade a des gardiens aujourd’hui. Je n’ai connu que monsieur et madame Broche, à cette position. Je me souviens du jour où mon père m’a annoncé le décès de madame Broche. Nous étions rue Cassette, dans un restaurant. J’ai senti que c’était la fin d’une époque pour moi.