Près du carrefour des quatre-chemins, à Pantin, il y a une boulangerie où je suis allé plusieurs fois, car elle se trouvait en face d’un café, aujourd’hui disparu, où l’on servait le meilleur café que j’aie jamais bu dans un café. J’allais donc dans cette boulangerie acheter mon croissant aux amandes avant de prendre un café avec ma voisine Corinne Varvitsiotis, ou bien seul pour lire le journal.

Sur la devanture, une invitation : « le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder ». Je vérifierai la phrase exacte à mon prochain passage.

A l’intérieur de cette boulangerie, la vendeuse était totalement voilée. J’étais depuis peu à Pantin, ça m’étonnait encore de croiser tant de femmes portant le voile. Et le contraste entre l’hédonisme de la vitrine et la tenue vestimentaire de la boulangère m’a tout de suite plu.

D’autant plus qu’elle était plutôt drôle, enjouée, cordiale, limite prête à blaguer. Souriante, oserais-je dire, même si on ne voyait pas son sourire autrement que sur les plis de ses yeux.

Je suis passé récemment devant, il y a une vendeuse blonde maintenant. Tout se perd.

Je compte la boulangère tentatrice comme une personne dans ce projet, mais j’avoue que j’aurais bien du mal à la reconnaître si je la croisais…