Vincent Imbert venait en vacances l’été, chez les Lachaud. Un type sympa, qui venait de Nice. Il jouait très bien au tennis, il nous battait systématiquement. Lorsqu’il était à Pompadour on jouait énormément au tennis, on organisait des tournois. Avec Joël Reyrolle et Patrick Faure.
Je me souviens de la fois où je l’ai battu. C’était la finale de notre tournoi du jour. J’étais motivé à fond pour trouver une solution et le mettre en difficulté. Je me battais comme un diable, je courais sur toutes les balles. Je faisais jeu égal. Ce qui a fait la différence lors du match, ce sont des coups de chance : des balles qui passent le filet en le touchant, des faux-rebonds sur les racines qui affleuraient sur le court (eh oui, le tennis du Bois-Vert ça n’était pas Roland-Garros).
Je l’ai donc battu, et j’ai lu dans ses yeux qu’il attribuait ma victoire à ces quelques coups de chance, et qu’il ne se sentait donc pas vraiment vaincu « à la régulière ». Moi ce jour-là je trouvais que si j’avais eu de la chance, ça n’était pas par hasard : j’étais allé la provoquer.
Bref, c’est un match dont on est sortis tous les deux victorieux, à notre manière.
Vincent est venu quelques années, puis on ne l’a plus vu à Pompadour. Un bruit courait selon lequel monsieur Lachaud avait été escroqué par un client ou un fournisseur appartenant à la mafia et qu’il était ruiné, qu’il avait cessé son activité. Comme Vincent était le fils d’un client, et qu’il venait de Nice, on a pensé que ceci avait un lien avec cela.