Madame Hayem

29 Août 2014 | Enigmes, ephémères, perdus de vue | 0 commentaires

Madame Hayem a été ma prof de sciences Nat plusieurs années de suite, à Stanislas.

Une dame déjà âgée, très douce et très gentille. Qui nous reçevait dans la salle de Sciences Naturelles, toujours vêtue d’une blouse blanche. Contrairement aux autres classes, celle-ci était équipée : nos tables étaient recouvertes de carrelage blanc; et le bureau de madame Hayem, qui faisait toute la largeur de la classe, était lui aussi recouvert de carreaux, et monté sur une estrade. Il s’y trouvait un évier.

Dans les casiers, sur le mur, on trouvait des tubes à essais et des ustensiles qui me fascinaient. Et puis il y avait Bébert, le squelette. Un vrai, en chair et en os si j’ose dire, le premier squelette authentique que j’aie jamais vu. L’arrivée au collège, c’était aussi ça : changer de salle pour certains cours. Pour les Sciences Nat, il fallait monter au sixième étage; par l’escalier. On faisait toujours traîner un peu l’inter-cours, on se poursuivait dans l’escalier.

Le cahier de Sciences Nat était mon favori. Il y avait les leçons, mais aussi les shémas, les planches, les dessins de squelettes, d’organes, les coupes de végétaux. Je n’étais pas un très bon élève, mais j’aimais cette ambiance et ce décor, et je buvais les paroles de madame Hayem, qui nous faisait découvrir des univers nouveaux et inconnus, pourtant familiers : le squelette, la fleur, le sang.

Je ne suis pas certain que l’opposition entre scientifiques et littéraires soit très pertinente. Mais en tout cas, ça m’a toujours chagriné d’être un élève moyen dans cette matière qui pourtant me passionnait. Je savais, mais je n’arrivais pas à rendre des devoirs qui obtiennent de bonnes notes. Je ne comprenais pas la démarche à suivre. Je ne me suis jamais désintéressé ni lassé des cours de Sciences Nat, mais j’ai vite cessé de croire en mon étoile scientifique.