Bernard et France Daude

15 Mai 2015 | Les gens | 0 commentaires

En province, il y a des familles amies. Tous les gens d’une famille sont amis avec ceux d’une autre. Enfin, ça ne doit pas être tout à fait vrai, mais pour les Daude et les Reillier, c’est comme ça : madame Daude était une amie de ma grand-mère, Bernard et France des amis de mes parents, les fils Daude des amis à moi et à mes cousins. Elle est pas belle la vie ?

Bernard et France, ce sont donc les amis de mes parents. Le genre de personnes qui m’ont vues grandir. Je me souviens très bien quand j’allais jouer dans le jardin de madame Daude. Il y a des photos. Je marchais à peine.

C’est une fiche dangereuse, car elle pourrait faire des pages et des pages de souvenirs. Je vais me contenter de ceux qui m’ont vraiment marqué.

D’abord, il y a un « flash » d’enfant : c’était à une soirée, un mois d’août (les soirées ont lieu en août à Pompadour), chez madame Daude. J’étais tout gamin, et je me promenais parmi les adultes, comme à mon habitude. J’écoutais les conversations, je jouais seul ou avec d’autres enfants. Bref. Une soirée.
France était en train de discuter avec ma tante, Béatrice. Elle se tenait exactement au coin de la grange qui se trouve au bout de l’allée du jardin, elle portait une robe à rayures bleues et blanches et tenait un verre à la main. Et je me souviens de l’avoir entendue dire « En principe la semaine prochaine nous serons à Saint-Tropez ».

Evidemment, Saint-Tropez était un nom mythique, c’est peut-être pour cela que cette phrase m’a impressionné. Mais surtout, c’est la première fois que j’ai entendu dire « en principe ». J’ai adoré cette expression. J’ai essayé de deviner ce qu’elle voulait dire et de la réutiliser, dès que j’ai pu.

Je me souviens également que c’est Bernard qui m’a appris à tirer à l’arc. Lorsqu’on allait chez les Daude, il y avait toujours une cible et un arc, on passait des heures à s’exercer. C’est lui qui m’a montré comment s’y prendre. Il était très patient, très doux, tout semblait simple.

En rédigeant cette fiche, je revois des centaines d’images de France, me recevant chez elle, toujours souriante et bienveillante. Je revois Bernard en train de préparer sa soupe de champagne au bord de sa piscine. Il la faisait goûter à tout le monde, si bien qu’au début de la soirée il y avait toujours une demi-douzaine de personnes déjà un peu saoules. Je le revois derrière son bar, faisant des cocktails.

Je les revois tous les deux, sur la grosse moto qu’ils ont gardé longtemps et sur laquelle ils ont fait tant de voyages, autour de la table de mes parents, ou de celle de ma tante Nanou, chez qui ils passaient souvent le réveillon avec la famille.

Bref, France et Bernard Daude font partie de l’air que je respire. Bernard est tombé malade, il y a deux ou trois ans. Il est décédé l’an dernier.

Cet été, France organise une fête dans leur grange, la première depuis quelques années. La soirée du rallye annuel… Mais ceci est une autre histoire.