Claude Roger était le bon copain de mon oncle Jean-Luc. Ils avaient entre 15 et 20 ans, j’en avais 4 ou 5. Ils avaient la classe, ll avait une mobylette bleue et m’emmenait sur son porte-bagages; ils allaient à des surboums. En les voyant, enfant, je me disais que la vie était facile et j’avais envie de devenir comme eux. J’ai même exigé, pendant une période, que ma mère m’appelle Jean-Claude, comme une contraction entre Jean-Luc et Claude.

Ils s’occupaient de passer la musique dans les fêtes, aussi. Qui sait si ca n’est pas eux qui m’ont donné envie de devenir DJ des années plus tard ?

Puis Claude est tombé malade. Sclérose en plaques. On le voyait moins à Pompadour. Il s’est marié, a eu un enfant.

Je me souviens de la dernière fois que je l’ai vu. C’était une soirée dans la maison des Couderc, les cousins de Claude. Il était assis, ne pouvait plus danser, il me taquinait gentiment sur ma manière de danser et mes cheveux longs. C’était un été, cette saison si douce à Pompadour, tellement douce qu’on se dit qu’il y aura les mêmes étés pendant encore longtemps, avec les mêmes personnes.

Mais voilà, l’été d’après Claude n’était plus là. Son état s’est aggravé; il est décédé, il devait avoir une quarantaine d’années.