Le problème avec Manu c’est qu’il cassait tout. Il démontait tous ses jouets et tous les objets qu’il trouvait, pour voir ce qu’il y avait dedans. On a longtemps cru qu’il serait mécanicien. Mais non. Il s’en foutait.
Manu est mon second cousin, par ordre d’entrée en scène. On se voyait beaucoup car sa grand-mère madame Dufour vivait à quelques maisons de chez moi. Il faisait partie de la « bande du stade », qui se retrouvait sur le terrain de rugby pour jouer. Je ne sais pas combien de fois il est descendu me chercher. Il m’appelait depuis la rue, j’ouvrais la fenêtre, je le voyais, je descendais prendre mon vélo et on partait. Au stade, ou bien chez madame Dufour.
Mon souvenir le plus marquant n’est pas très drôle. Il est tellement étrange que je me demande parfois s’il est vrai. Il s’agit d’une partie de tennis juste à la sortie de l’enterrement de sa mère. Je suppose que la famille a imaginé qu’il devait se changer les idées. On n’est pas toujours très forts dans la famille, pour ces moments-là. On nous a donc envoyés, FX et moi, jouer au tennis avec Manu. Je l’ai battu 6/4. Je m’en souviens encore. Je ne sais pas exactement quel âge on avait.
Aujourd’hui, on est de nouveau voisins : sa maison à Pompadour est à 2 minutes de la mienne. Dans l’autre direction, celle de FX. On ne se quitte pas. Et c’est bien.