Betty a un an de plus que moi. A certains âges ça compte.
Je n’ai aucune idée de l’année où se situe cette soirée. Je devais avoir 14 ou 15 ans. Si je devais donner un prénom à cette amie qui nous a invités, je dirais qu’elle s’appelait Clémentine. Elle habitait une grande maison, boulevard Jourdan.
Je suis arrivé en compagnie de Betty, mais elle venait retrouver un amoureux, donc je ne l’ai pas vue de la soirée. Alors j’ai observé. Comme j’étais timide, j’ai dû dire trois mots tout au plus au cours des 4 premières heures.
Il y avait des garçons et des filles, qui dansaient, qui buvaient de l’alcool. Certains s’embrassaient. Ils avaient l’air tellement libres et intelligents. A l’époque j’avais encore un accent de province, je ne me sentais pas du tout parisien. J’étais fasciné. J’écarquillais les yeux. Je n’ai pas osé prendre un verre d’alcool, d’ailleurs je détestais ça. Je n’ai commencé à boire qu’après 25 ans.
Mais ce qui m’a le plus marqué dans cette soirée, c’est Je t’aime moi non plus. Je ne l’avais jamais entendu, j’ai découvert à la fois la musique et les paroles, qui étaient ce que j’avais entendu de plus érotique de toute ma vie. Je n’étais probablement pas le seul, car le morceau a dû passer une dizaine de fois au cours de la soirée.
On est repartis tard, parce que Betty ne se lassait pas d’être avec son petit ami. J’ai dormi chez elle et je suis arrivé chez moi le lendemain midi. Je n’avais pas appelé ma mère. Elle était terriblement inquiète. Pour ma première soirée, j’ai découché sans même penser que c’était mal ni inquiétant. Pendant des années, je suis allé à des tas de soirées, mais aucune n’avait à mes yeux la classe et l’éclat de la soirée de l’amie de Betty.