Une beauté incroyable
Je ne me souviens pas de son nom de famille. Sabine était une amie de classe de Béatrice Nyman. Elle était d’une beauté incroyable. Une grande fille pâle aux longs cheveux bruns. Elle habitait boulevard Saint-Michel, près du jardin du Luxembourg, dans un superbe appartement. Pendant une période j’y étais souvent invité. On sortait au ciné, on restait discuter.
C’est avec elle que j’ai compris, pour la première fois que pour une fille, être jolie pouvait être un handicap. Le comportement des garçons autour d’elle était pathétique. J’avoue que même à moi il m’arrivait d’avoir du mal à oublier sa beauté, et de m’arrêter au milieu d’une conversation, simplement pour la contempler. Betty aussi était ravissante. Mais j’étais habitué, depuis l’enfance. Mais la simple présence de Sabine créait une perturbation palpable.
Pendant qu’on se voyait, je m’appliquais à être différent des autres, j’avais l’impression qu’elle ne pouvait pas avoir d’amis véritables à cause de sa beauté. Et j’essayais de jouer ce rôle. Inutile de dire que j’étais probablement très à côté de la plaque.
Aujourd’hui j’ai appris à ne plus me laisser déconcentrer par les très très très jolies filles.
Cette période n’a pas duré très longtemps. Un hiver, je dirais. Puis Sabine et moi on s’est moins vus. Puis on s’est perdus de vue.