Je ne remercierai jamais assez Fabrice de m’avoir donné ma chance, et de m’avoir accepté dans l’équipe de Club-Internet.
Parce que j’y ai passé deux années superbes, parce que j’y ai appris un nombre incroyable de choses, parce que j’y ai rencontré des amis que je vois encore plus de 15 ans après, et surtout parce que je ne regrette toujours pas d’avoir abandonné ma vie de sociologue pour travailler sur Internet.
Au départ, je ne l’ai pas senti très enthousiaste. J’ai toujours pensé que c’est Juan Antonio Hernandez qui l’a convaincu de m’engager.
Puis on a appris à se connaître un peu. Je suis admiratif de ce qu’il a réalisé : monter de toutes pièces un fournisseur d’accès de qualité, mettre en place l’infrastructure, le service client, le portail, gérer les équipes, négocier les deals, et arriver au but au sein d’un mastodonte comme le groupe Lagardère, avec la lourdeur que ça implique, le tout en inventant un métier qui n’existait pas.
Je sais qu’il avait le soutien des dirigeants du groupe, mais vu de Paris-Match, d’Europe1 ou de Pariscope, l’équipe de Club-Internet devait ressembler à une bande de gamins amateurs. Sans Fabrice, on aurait été balayés.
Quand je repense à cette période, je pense que Fabrice a dû parfois se mordre les doigts de m’avoir recruté : je râlais tout le temps, je critiquais les décisions qui ne me plaisaient pas, je discutais, je défendais mon équipe… un vrai casse-couilles. Aujourd’hui j’ai appris à obtenir bien plus facilement ce que je veux avec beaucoup plus de diplomatie. A l’époque, ça me prenait tant d’énergie que je n’en dormais plus la nuit. Je passais mes nuits à penser à ma journée du lendemain, j’étais épuisé.
Enfin bref, avec Fabrice, on se voyait souvent pour que je râle, ce qui n’a pas été propice au développement de relations amicales. Ensuite, j’ai démissionné, et Fabrice détestait qu’on démissionne. Mais il était temps que je parte voir ailleurs : ce truc devenait trop gros à mon goût.
On s’est reparlés récemment, sur Facebook. J’ai pu lui dire tout le bien que je pensais de cette époque. Et le remercier pour avoir fait de moi un métallo (c’est comme ça qu’on s’appelle, entre nous).