Je ne sais pas de quoi le capitaine avait été capitaine, et je n’ai jamais su son nom, car je ne me souviens pas avoir entendu quelqu’un l’appeler autrement que « le capitaine ». Il était à la retraite, il habitait juste en face de l’école de Pompadour.
On le voyait souvent se promener, avec son chapeau et son épagneul breton. Lorsqu’on le croisait, on allait le saluer. Si je me souviens bien, il possédait des parts de l’étang du Gué de Maury qui appartenait en partie à mon grand-père et où nous allions souvent. En tout cas j’associe la silhouette du capitaine et de son chien au paysage du Gué de Maury.
Puis le capitaine a vieilli, on ne l’a plus vu, on a appris qu’il était mort.
Des histoires croustillantes courent sur le capitaine, que je n’ai apprises que beaucoup plus tard et que je n’ai pas à raconter ici. Mais ça m’a fait plaisir d’apprendre que le capitaine avait eu une vie moins rangée que ces allées et venues à pied dans le village. Je n’ai jamais pensé à demander de quoi il avait été capitaine.