Je ne connais pas son nom de famille. Ni le prénom de sa femme. Gaston était le patron du Canari, à Pompadour. Sa femme l’appelait à tout moment et son prénom retentissait dans le petit bar « Gaston, il y a des gens ! ». « Gaston, viens voir ! ». » Ne bougez pas, Gaston va arriver ».
Le Canari était à 50 mètres de chez ma mamie. C’est là que j’ai appris à jouer au flipper, et aussi aux Space Invaders, sous l’oeil amusé et protecteur de Gaston et de sa femme. Autant dire que pendant des années, le Canari était le centre du Monde.
Pendant mon adolescence, il y avait le « Kiss », un flipper fabuleux. J’y ai passé des après-midis entiers, avec mes cousins, avec Olivier Villepreux, avec Philo… Les jours de PMU, le café se remplissait et on dérangeait un peu. Le reste du temps, le Canari était à nous.
Et puis un jour Gaston et sa femme sont partis. Le Canari a gagné une terrasse très agréable mais on a cessé d’y aller. Une nouvelle ère a commencé, où les Remparts sont devenus le centre du Monde. J’ai continué à m’arrêter au Canari pour boire un verre avec les habitués du PMU que je connaissais : mon oncle Philippe, Puteborgne, Jean Roger. Mais ils ne sont plus là eux non plus.
Je ne sais pas ce qu’est devenu ce couple si gentil et bienveillant. Depuis leur départ, je n’ai qu’un souvenir fort du Canari : un croque-monsieur que j’y ai mangé lors de la nuit de mon enterrement de vie de garçon. Cet événement remonte à 1992. C’est dire si l’ère des Remparts dure depuis longtemps…