Les anglais rencontrés à Playa de Aro

29 Juin 2014 | Enigmes, ephémères, perdus de vue | 0 commentaires

Je suis allé plusieurs années de suite à Playa de Aro, en Espagne, sur la Costa Brava. Avec mes parents. Je devais avoir 5 ou 6 ans.

C’étaient mes premiers séjours à l’étranger. J’adorais la sensation d’être entouré de gens dont je ne comprenais pas le langage.

A Playa de Aro, les rituels étaient simples : l’hôtel était face à la plage, on allait à la plage, on rentrait à l’hôtel, on allait boire un verre en ville. Je prenais toujours un Cacolac. C’est à Playa de Aro que j’ai découvert le Cacolac. C’est devenu ma boisson favorite, pour des années. Le soir, mes parents sortaient et me laissaient dans la chambre. J’aimais ce rythme, et la chaleur, et la lumière écrasante, et la foule, et les hôtels modernes. J’avais un regard d’enfant admiratif sur cette côte bétonnée.

On descendait à l’Hôtel Columbus. Qui existe encore.

Donc, on allait à Playa de Aro, et c’est là qu’on a rencontré les anglais. Une rencontre de vacances, des voisins de plage, rien de plus. Ils avaient deux enfants, un garçon et une fille. Mais je n’ai aucun souvenir d’avoir passé du temps avec eux.

Sauf que les anglais se sont mis à nous envoyer des voeux de Noël, des cartes postales. Puis à nous rendre visite à Pompadour, l’année suivante. Ils ont débarqué, on les a logés dans la maison des Langrand, voisine de la nôtre, qui devaient être en vacances à ce moment-là.

Je me souviens de dîners dans ma maison du Bois-vert, où étaient présents les amis capables de parler anglais, pour faire la conversation. J’aimais ça, je trouvais ça exotique. J’apprenais quelques mots.

J’aimais ça, mais ma mère pas du tout; elle se sentait envahie. Elle détestait avoir du monde à la maison, et encore plus des gens avec qui elle n’avait pas la moindre affinité. L’année suivante, les anglais ont de nouveau annoncé leur arrivée. Je ne sais pas pourquoi on n’a pas osé leur dire que ça nous ennuyait. Du coup mes parents ont fui, ils leur ont dit qu’ils seraient absents, et leur ont laissé la maison. Moi je suis resté chez les Langrand. Pendant quelques jours, j’habitais à côté de chez moi, et les anglais vivaient chez moi.

 

Puis on n’en a plus entendu parler. Et on a changé de lieu de vacances. Il n’aurait pas fallu retomber sur eux… Je suis repassé plein de fois à côté de Playa de Aro depuis, mais je n’ai jamais pris le temps de m’arrêter et de revoir l’hôtel Columbus. Peut-être que les anglais y vont encore ?