Sur la place de la Poste, pendant longtemps, se trouvait la boutique Estrade-Le Mouël.

Il y avait des panneaux publicitaires pour la boutique dans toute la région, sur les granges; presque jusqu’à Brive. Cela donnait à cette boutique, à mes yeux, un éclat particulier. Et, également, j’aimais le tréma sur « Mouël ». A l’âge où on j’apprenais à écrire, j’étais toujours content de rencontrer des exemples de mots contenant les lettres étranges que j’étais en train d’apprivoiser.

Si j’ai bien tout compris, il s’agissait de la boutique Estrade, et monsieur le Mouël avait dû épouser la fille Estrade et reprendre la boutique.

On y trouvait des vêtements, de draps. C’est là que ma mamie m’achetait les draps rayés bleus et blancs dans lesquels je dormais. Monsieur le Mouël était d’une grande gentillesse, il avait une moustache, une voix douce, très en harmonie avec l’atmosphère feutrée de sa boutique, remplie de tissus, d’odeurs, où même les sons paraissaient atténués. Où l’on parlait à voix basse.

Je n’arrive pas à en être certain. Il me semble avoir aussi un souvenir de madame le Mouël dans la boutique. Je revois un visage, d’une dame douce et souriante, dans cette boutique un peu ouatée. Mais c’est un souvenir très ténu, incertain…

La boutique Estrade-le Mouël est fermée depuis longtemps. Elle a été remplacée par l’office du tourisme de Pompadour. Je n’y suis jamais entré depuis. Ma dernière visite à cet endroit date d’un été, au cours de mon adolescence, pour y acheter un maillot de bain (style slip de bain authentique). C’est étrange comme on peut se souvenir parfaitement d’un pareil détail, et ne pas arriver à savoir si on a vu ou non une personne.