J’ai pensé à elle aujourd’hui, alors je fais sa fiche. Ca me changera un peu des profs du collège Stanislas. Je ne donne pas le nom de Claire, car il s’agit d’une histoire assez grave, qui pourrait lui nuire considérablement.

Claire est la mère de Mathilde, l’amie d’école de ma fille Noémie. Les deux enfants étaient inséparables. Je reçevais Mathilde chez moi très régulièrement. Comme Claire avait travaillé dans le Web, on s’entendait plutôt bien. Elle m’a invité une année aux Webs d’or, car elle participait à leur organisation.

Et puis un jour, tout a changé.

Ca a commencé dans un café. Avec Anne, mon ex-femme. Nous avions divorcé quelques temps auparavant, nos filles étaient en garde alternée, et nous avions l’habitude de prendre un café dans le quartier des grands boulevards pour en parler, pour nous organiser.

Cette fois-là, Anne a fondu en larmes. Elle m’a dit un truc comme « dis-moi que tu ne l’as pas fait ».

C’était pas très clair, mais ça avait l’air grave. Je lui ai posé des questions, mais il m’a fallu un moment pour comprendre de quoi il s’agissait : Claire m’avait accusé d’attouchements sur sa fille.

Et il m’a fallu un moment pour comprendre que l’affaire était vraiment grave : l’équipe de l’école était au courant. Les choses étaient allées vraiment loin, puisqu’elle avait réussi à faire douter la mère de mes filles. Bref. J’ai soudain mieux compris pourquoi il m’avait semblé que l’institutrice de ma fille me regardait bizarrement.

J’ai senti que le danger était important, j’ai tout avalé d’un coup, et compris en une fraction de seconde ce qu’il fallait que je fasse, un instant vertigineux pendant lequel il j’ai eu l’impression que mon esprit fonctionnait à une vitesse infinie.

En substance, j’ai dit à Anne : « je n’ai pas l’intention de répondre à cette accusation et je ne veux plus entendre parler de cette histoire. Si tout n’est pas réglé et démenti dès demain, je porterai plainte ».

Je ne sais pas ce qu’Anne a fait. Mais je n’ai plus jamais entendu parler de cette histoire. Je n’ai plus accepté de recevoir Mathilde chez moi pendant des années et j’ai coupé tout contact avec sa mère.

A chaque fois que je repense à cette accusation monstrueuse, même des années après, j’ai encore un sentiment de révolte qui me retourne l’estomac et une colère presque meurtrière qui monte en moi.

Et pourtant les gens qui me connaissent bien savent que je ne suis pas du genre emporté.