Monsieur Labadie était professeur de français au collège Stanislas. Un type plutôt âgé, tiré à quatre épingles, maniéré. Un peu agaçant mais pas vraiment antipathique.
Enfin, beaucoup d’élèves le trouvaient antipathique, mais comme le français était ma matière forte, j’étais indulgent avec lui : il me donnait les bonnes notes que j’attendais, m’apprenait des trucs, sans trop me sortir de ma zone de confort.
Ce dont je me souviens avec monsieur Labadie, ce sont les petits cours : il passait son temps à proposer des « petits cours » en groupes de trois ou quatre, pour nous préparer aux examens. C’était une véritable mise en coupe réglée de la classe. Il n’y avait pas un cours normal sans qu’il dise « on n’a pas le temps de s’attarder, mais on verra ça en petit cours ». Il n’y avait pas un cours, non plus, sans qu’il nous rappelle qu’il était agrégé.
Les petits cours étaient assez chers, mais la quasi totalité des élèves en prenaient. Moi au bout d’un moment j’ai arrêté, et j’ai senti que monsieur Labadie m’appréciait beaucoup moins. Et je crois qu’il ne m’aurait plus apprécié du tout s’il n’avait pas eu mon oncle comme collègue, et s’ils ne s’étaient pas appréciés.