Je n’ai eu qu’un seul bon prof de maths à l’école : monsieur Barthélémy.
C’était un type étonnant. Toujours tiré à quatre épingles, en costume noir, distant, ne souriant jamais. Le genre de prof qu’une classe d’adolescents pourrait détester et chahuter.
Oui mais voilà : ses cours étaient intéressants. On les écoutait. On comprenait. On se sentait moins bêtes. C’étaient des cours sans élément original : pas d’exemples amusants, pas d’explications imagées ou exotiques, aucune fantaisie dans la présentation. Mais ils étaient limpides. Alors on prenait des notes. On entendait voler les mouches, dans les cours de monsieur Barthélémy.
Je crois qu’on est tous devenus un peu meilleurs en maths cette année là.
Plus il restait distant, plus il était populaire. Même si on ne devenait pas fan des maths, on ne pouvait qu’aimer assister à ses cours.
A la fin de l’année, après avoir terminé le programme, monsieur Barthélémy nous a réservé une surprise incroyable : est arrivé au dernier cours avec des jeux de société. C’est la première fois qu’il nous « révélait » un trait personnel.
Je me souviens qu’il a souri ce jour-là, en nous disant qu’il avait été content de nous avoir tout au long de l’année.
Un grand prof, tout simplement.
C’était en troisième. Ensuite, je suis retombé dans la médiocrité jusqu’au bac, avant de m’intéresser enfin aux maths, à la fac… Je ne peux pas m’empêcher de penser que si monsieur Barthélémy ne m’avait pas démontré que les maths pouvaient être une belle chose, j’aurais également été nul à la fac.