Maître Lecoin

8 Déc 2014 | Portraits | 3 commentaires

Les gymnases du collège Stanislas se trouvaient en sous-sol. Un réseau de couloirs, de vestiaires, de gymnases, plus ou moins grands, et aussi une piscine. Un domaine un peu à part du reste de l’établissement, dans lequel évoluaient une petite dizaine de profs de gym.

Parmi eux, maître Lecoin. On devait l’appeler Maître. Parce qu’il avait été militaire, et fait sa carrière au bataillon de Joinville, où il enseignait l’escrime.

Sec, droit comme un I, l’air sévère, toujours vêtu de son survêtement bleu, il nous faisait faire de l’éducation physique à l’ancienne : 30 minutes de mouvements (échauffements, cardio, pompes, abdos, étirements), puis 30 minutes de séance.

Les mouvements, rangés, face à lui, par ordre de taille. Toujours à la même place. Il donnait ses instructions, des ordres brefs et secs, tout en passant entre les rangs. Il corrigeait les positions. Moi je faisais du foot toute la journée, ces séances me faisaient du bien, elles me permettaient de m’étirer un peu. J’aimais bien le sport; j’étais plutôt bon.

Les autres n’aimaient pas Maître Lecoin, mais moi si. D’abord parce que j’étais timide et discipliné, et il n’y avait rien de plus facile qu’un cours avec lui : il suffisait de suivre les instructions. J’ai bien changé.

Je l’aimais bien aussi, parce qu’il nous faisait souvent jouer à la balle au prisonnier. Et j’adorais ça.

Lorsqu’on allait du vestiaire au gymnase et du gymnase au vestiaire, il nous disait toujours « deux par deux ». On se mettait en rang par deux, tant bien que mal, car les escaliers étaient très étroits. J’ai compris des années après qu’en fait, il voulait qu’on monte les marches de l’escalier deux par deux.

Ce n’est que bien plus tard, lorsque je me suis retrouvé à l’armée, que j’ai revu des gens comme Maître Lecoin. Mais ceci est une autre histoire.