Les fenêtres de mon appartement donnent sur l’entrée de la mosquée. Ou bien sa sortie, comme vous préférez puisque c’est une mosquée « à la française » : un hangar aménagé avec une seule porte.
C’est un lieu très fréquenté, où les fidèles viennent prier plusieurs fois par jour (cinq, je crois), et même la nuit. Souvent, en rentrant d’une soirée ou d’un mix, je marche dans ma rue entouré de types en anorak juste sortis de leur lit pour aller prier.
Le vendredi, c’est encore plus effervescent. Certains jours, il y a des gens qui prient dehors. Je sais que ça cause du chagrin à Marine le Pen. Si elle me lit, toutes mes excuses pour lui raconter ces tristes choses.
C’est le jour de la grande prière, et c’est le jour de la mendiante tout en blanc. Elle s’installe à une centaine de mètres de la mosquée, et tend la main en se lamentant avec emphase. Qu’il pleuve ou pas, sa tenue est toujours blanche, immaculée.
On m’a expliqué lors de mon séjour à Dakar qu’un bon fidèle devait donner aux mendiants. Cela fait partie du folklore, comme sur le parvis des églises. C’est l’une des clés de la richesse des marabouts qui font tant de mal à ce pays.
Evidemment, puisque les religions n’en sont pas à une contradiction près, Mahomet a plusieurs fois interdit la mendicité aux fidèles. Mais bon, on n’est pas là pour essayer de démêler l’indémêlable. Le seul écheveau qui m’intéresse, c’est ma mémoire. C’est assez de boulot comme ça. Et avec la mendiante tout en blanc du vendredi, c’est une case de plus qui est cochée…
Mais je me demande ce qu’elle peut bien faire, les autres jours de la semaine.
Update, 12 mai 2015
On est mardi, elle était là ce matin, habillée tout en noir. Il n’y a donc rien de stable, dans l’Univers ?
Une vieille dame décolorée style bourgeois était en train de lui expliquer que pour s’en sortir dans la vie il faut travailler. Et que, à son âge, elle travaillait beaucoup : elle apprenait les langues.