Caroline Dumont

17 Mai 2015 | Connaissances, rencontres, réseau | 0 commentaires

Caroline Dumont faisait partie des gens chez Réservoir-Prod dont la fonction m’échappait, faute de connaître suffisamment les métiers de la télé. Elle assistait à tous les enregistrements, elle était une pièce maîtresse du dispositif, elle travaillait depuis des années dans l’équipe… Bref, je la revois tout à fait dans le feu de l’action, à la fois calme et hyperefficace gérant douze trucs à la fois comme tant de gens savaient le faire chez Réservoir-Prod.

Elle faisait aussi partie des gens qui n’en avaient rien à foutre de passer à l’antenne. Il y avait deux types de personnes à Réservoir : ceux qui passaient à l’antenne, et les autres. Ceux qui passaient à l’antenne avaient un point commun, palpable : l’inquiétude. Ils étaient dépendants de la décision d’autrui pour exister. Et ceux qui espéraient passer un jour à l’antenne étaient encore plus pitoyables à observer. Ca n’est pas une légende totale, d’après moi, que ce métier rend les gens malades et obsédés d’eux-mêmes.

Mon souvenir avec Caroline est une conversation, au début d’une soirée. On parlait de Jean-Luc et de toute la cour qui l’entourait ce soir-là, je m’étonnais de sa lucidité entouré de tant de gens factices (vous savez, ceux qui éclatent de rire à chaque fois qu’il termine une phrase, au cas où il ait voulu être drôle). Puis on a dérivé sur le talent de Jean-Luc, et son impressionnante empathie pour les gens qu’il interviewait sur le plateau. J’étais fasciné par sa capacité à engager une conversation pleine d’émotion (palpable, lorsqu’on se trouvait sur place) avec une personne qu’il n’avait jamais vue auparavant, et dont il ne connaissait que la fiche descriptive détaillée qu’il avait apprise par coeur avant l’enregistrement. En quelques secondes, la femme brisée, le taulard repenti, l’enfant handicapé semblaient totalement captés par Jean-Luc et prêts à tout lui raconter.

J’ai demandé à Caroline si selon elle Jean-Luc était sincère dans ces moments, ou au contraire très détaché mais techniquement virtuose. Elle m’a répondu qu’elle n’en savait rien, et que selon elle, personne ne pouvait répondre à cette question, peut-être même pas Jean-Luc.