Monsieur Ancel était le directeur du collège Stanislas, à l’époque où j’y étais. C’était un prêtre, un type à l’air sérieux, qu’on voyait peu. Dans l’établissement, il y avait « la maison du directeur », où se trouvait son bureau. Je me suis toujours dit qu’il y vivait, également. Mais en réalité je n’en ai jamais rien su.
Pour moi qui n’avais jamais connu d’école aussi grande, c’était un personnage impressionnant, qui commandait à tout un monde.
Cela m’arrivait parfois de le croiser, lorsque j’entrais à Stan par la rue Notre Dame des Champs (ce qui n’était pas autorisé mais m’évitait un détour). Il fallait alors passer par un couloir avant de se retrouver dans la cour. A chaque fois, mon coeur se mettait à battre, je baissais la tête, marmonnais un « bonjour » et accélérais le pas. Il ne m’a jamais rien dit, mais au bout d’un moment je craignais tellement de le rencontrer que j’ai fini par faire le détour, et passer par la rue du Montparnasse.