Je n’ai pas toujours été dans la classe de Stéphane Bouillot, mais on se voyait quand même chaque année, car il faisait partie de ceux qui jouaient au foot. Il faisait partie de ceux qui arrivaient souvent une heure avant le début des cours, et qui ne repartaient le soir qu’une fois la nuit tombée, sauf si un surveillant nous renvoyait chez nous. Et il était l’un des meilleurs, pour ne pas dire le meilleur. D’ailleurs, il jouait dans un club. Au Red Star je crois.
Lorsqu’il prenait la balle, il faisait toujours un truc bien. Soit une passe top, soit un parcours incroyable jusque devant les buts (étant donné le nombre d’élèves dans la cour, il n’était pas toujours possible de faire des passes. On se lançait souvent dans des randonnées assez longues où il fallait contourner des groupes ne jouant pas avec nous). Il était quasiment impossible de lui piquer le ballon, et il faisait des têtes superbes.
Je me souviens d’un événement en particulier, qui m’a marqué. On était tous les deux inscrits dans l’équipe de foot de l’école, et on allait donc les mercredis s’entraîner dans le bois de Vincennes, à Polygone. On partait de Stan, changeait à Châtelet, puis ligne 1 jusqu’à Château de Vincennes, et un bus pour nous emmener aux terrains, qui étaient soit totalement détrempés, soit totalement durs, avec juste un peu d’herbe dans les coins.
Une année, lors du premier entraînement, nous étions tellement nombreux qu’il a fallu sélectionner ceux qui joueraient en équipe première. Même si je jouais plutôt bien, je n’imaginais jamais que je serais pris, car je faisais partie des plus petits, des moins costauds, et je trouvais Bouillot, Mercier, Salva et les autres nettement meilleurs que moi. Ils l’étaient, d’ailleurs.
Mais, à ma grande surprise, monsieur Doussinault, l’entraîneur, m’a pris comme avant centre, et Bouillot, Salva et plein d’autres ont été regroupés dans l’équipe bis. J’étais stupéfait. Avant-centre ! Le poste qui ne pouvait par revenir à quelqu’un d’autre que Bouillot.
Je me souviens aussi de week-ends, où Patrick Mercier nous invitait pour jouer au foot dans son jardin. On passait vraiment des heures et des heures à courir et à jouer. Sinon, je revois parfaitement Stéphane, ses cheveux raides, sa silhouette maigre et toute droite, sa manière de courir, et son caractère plutôt discret.