Géry est arrivé à Stan en troisième je crois. Il venait de Bilbao, il avait un frère qui lui ressemblait pas mal. Evidemment, il parlait couramment espagnol, il a rendu les cours d’espagnol très vivants parce qu’il racontait des trucs plus marrants que la prof, madame Perez, qui l’aimait bien.
C’était un type avec un caractère assez particulier, à la fois très chaleureux et solitaire, et surtout très original, un peu rebelle. Il dessinait très bien. Il prenait des photos aussi. Je me souviens d’une photo de lui, représentant le bâtiment principal de Stan pris depuis derrière le barbelé d’un chantier. Il avait transformé, d’un simple cadrage, le collège en Goulag. La photo a circulé dans toute l’école. Je lui en ai acheté un tirage, que j’ai gardé longtemps et qui doit se trouver encore dans mes papiers. Il a été convoqué par le préfet, pour lui reprocher ce mauvais esprit.
C’est cette photo précise qui m’a fait comprendre l’intérêt de la photographie en tant qu’art, le rapport de l’image avec la réalité, bref, tous ces problèmes bateau de l’art photographique qui ne sont pas le sujet de ce blog.
J’ai croisé Géry boulevard Saint-Michel quelques années après le bac. On a discuté 5 minutes, je lui ai dit que ça me ferait plaisir de le revoir. Il m’a dit que ça ne servait à rien de revoir les anciens amis et il s’en est allé.